lunes, 5 de julio de 2010

Interview Taliwen

Interview : Taliwen Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Par Sedryk le Monday 05 July 2010

TaliwenPour continuer le cycle de nos rencontres avec les artistes de Kidal, voici la nouvelle génération de l'Adrar avec Taliwen, groupe de rap tamashek ! Rencontre avec le duo formé par Raly et Baye.

Comment as-tu commencé la musique ?

Raly : J'ai commencé la musique avec Mossa Ahmed, avant qu'il ne fonde Tamikrest. Je jouais de la percussion pour lui, jusqu'au jour où je me suis dit qu'il n'y avait pas de rappeur touareg. Le rap est une musique qui peut dire beaucoup or chez nous, il y a beaucoup à dire, beaucoup de sujets que les artistes avant nous, nos grand frères, n'ont pas abordés. On a commencé en faisant du rap moderne, mais on avait peu de moyens pour payer le studio. On a évolué petit à petit, jusqu'à être invités à Essakane, en janvier 2010. On a aussi joué à Bourem avec Amanar. Là-bas, on a rencontré un jeune guitariste du Niger, Moctar, qui est notre nouveau soliste. Mon but est de faire un groupe de rap et blues touareg, avec la guitare. On veut créer notre propre style de rap. Je chante en tamashek et Baye chante en français. On a fait un premier album en 2006, "Aratan n'adagh", mais il ne m'intéresse plus trop. On a eu trop de problèmes pour le faire, avec le studio de la Maison du Luxembourg, à Kidal. Maintenant, nous avons aussi un ingénieur du son, Abdallah, qui a son propre studio à Bamako.

Comment êtes-vous considérés à Kidal, qui est la ville de la guitare touarègue ?

Raly : Les gens commencent à s'habituer au rap. Au festival, on a fait un instru, les gens ont été surpris mais ont aimé mon flow touareg. Quand on a introduit la guitare, ils ont aimé encore plus ! Je crois que les gens commencent à aimer cette nouvelle forme de création.

Vous avez l'occasion de jouer à Kidal dans les soirées-guitare ?

Raly : Non, pas dans les soirées-guitare. Il arrive que certains groupes, comme Amanar ou Tamikrest, nous invitent pour un morceau. On a fait un morceau à Essakane avec Sanou de Terakaft qui a été diffusé par la BBC.

Que signifie le nom "Taliwen" ?

Raly : Taliwen signifie "les ombres". Dans notre désert, il n'y a pas d'ombre, les arbres sont secs. Nous voulons devenir les ombres des kel tamashek, des Touaregs. "Ombre", en tamashek, ça peut aussi vouloir dire "frère". Si je te dis : "Tu es mon ombre", ça veut dire : "Tu es mon frère". Avant, on s'appelait "Double Canon", mais les gens ont insisté pour qu'on ait un nom plus original.

Quand as-tu découvert le rap ?

Raly : Quand j'étais petit. Avant, j'aimais beaucoup la guitare, surtout les vieux morceaux de Tinariwen. Je joue un peu de guitare et je veux m'améliorer encore pour écrire de nouveaux morceaux. Maintenant, je cherche un batteur et un bassiste pour faire un groupe au complet.

De quoi parles-tu dans tes textes ?

Raly : De la révolution. Pour nous, les Touaregs, la musique est comme une révolution. J'ai écrit beaucoup de textes sur l'Adrar, la vie des Touaregs, les histoires anciennes des vrais révolutionnaires. J'essaie d'appliquer ça au temps présent et aussi de penser au futur des Touaregs. Qu'allons-nous devenir ? Je veux m'adresser avant tout aux Touaregs, et ensuite seulement au reste de l'Afrique et à l'Europe.

Quels sont les messages principaux que tu veux adresser aux Touaregs ?

Raly : De s'aimer. De ne devenir qu'une seule force. D'apprendre quelque chose dans la vie. D'essayer d'obtenir la modernisation et d'aller vers une autre culture. Pour certains, faire du rap, c'est dissoudre notre culture. Je veux montrer que je n'oublie pas notre culture. Je porte toujours le turban à nos concerts.

Quels groupes de rap vous inspirent ?

Baye : On est surtout passionné par le rap français, pas trop par les américains. On aime Bouba, Sinik, La Fouine, tous ces rappeurs qui s'entre-clashent tout le temps !

Et toi, Baye, pourquoi préfères-tu écrire en français ?

Baye : Ici, c'est comme si on était dans une ville francophone. La langue suprême, c'est le tamashek, mais le français vient tout de suite après, tout le monde le parle. On veut faire en sorte de représenter tous les Touaregs, dans le contexte de la modernisation.

Raly : Avant, je rappais en français, je tenais le flow très bien. Mais je veux aussi intégrer le tamashek, j'ai beaucoup d'idées dans cette langue avec tous les adages et les vieilles histoires touarègues.

Baye : Il nous arrive de plus en plus de mélanger le français et le tamashek dans un même texte.

Voulez-vous faire carrière dans la musique ?

Raly : Et pourquoi pas ?

Baye : Là-dessus, nous avons des avis différents. Raly consacre beaucoup plus de temps que moi à la musique. Moi, j'essaie de concilier la musique et les études. J'aime les études, la philosophie, l'histoire, ça fait partie de mes plaisirs autant que le rap.

Est-ce que vous pensez que le rap est la prochaine révolution musicale tamashek ?

Raly : Inshallah ! Forcément, on aura des fans et aussi des successeurs, qui vont poursuivre ce qu'on fait dans la musique rap, peut-être d'une manière encore plus grande que nous. Nous mêmes, nous avons suivi les traces de Tinariwen au départ, on a commencé en même temps que Tamikrest, mais ensuite, nous avons emprunté notre propre chemin que nous seuls avons emprunté.


Propos recueillis par Sedryk à Kidal en mars 2010



jueves, 1 de julio de 2010

AMANAR en concert a Paris

Paris, Olympic Cafe, 2 juliol 2010

Ahmed Ag Kaedi
/ Guitare Solo, Chant
Lalla Walet Atiyoub / Voix
Hamida Ag Fonwa / Guitare Rythmique
Abderhamane Ag Kamisekou / Claviers, Basse
Issmagel Ag Alhouda / Basse
Tamita Ag Ljimit / Percussions
Halifa Ag Ljimit / Djembe
Abdallah Ag Amano / Sonorisateur



The group Amanar formed in 2005, under the direction of Ahmed Ag Kaedi. Amanar rose to fame locally in Kidal through hard work and perseverance – sometimes lugging their material by foot when necessary, utilizing megaphones when lacking the proper material. The origin of the name Amanar (the Tamashek word for the constellation Orion) comes from when the band had to rehearse through the night until the early hours, when the stars were high in the sky.

The contemporary sound of Kidal, Amanar plays an original interpretation of classic Ishumar guitar that forces one to move, incorporating wailing guitar solos and frenetic rhythms. That is not to say however there isn't a heavy subject manner at hand. As an artist, Ahmed Ag Kaedi's lyrics are imbued with a responsibility to the listeners, particularly the youth. These are conscious lyrics that are concerned with education, development, and "agnah" (respect for tradition) – "the real rebellion today," Ahmed explains.

At a moment when many artists are looking to the exterior, Amanar looks to the people of Kidal and Mali foremost. They've played throughout Mali, from Kidal to Kayes, including their debut this year at Timbouctou's Festival au Desert.



Avec la participation d’ abdallah chanteur des TinariweN

La musique Touareg est communément reconnue comme étant à la source du Blues, celle d’Amanar, est à l’avant-garde du son contemporain de Kidal, fusion entre musique traditionnelle et actuelle.

Le groupe AMANAR, formé en 2005 à Kidal sous la direction de Ahmed Ag Kaedi, entre dans la grande lignée des porteurs de la musique moderne Touareg du Mali. Si la musique Touareg est communément reconnue comme étant à la source du Blues, celle d’Amanar, est à l’avant-garde du son contemporain de Kidal, fusion entre musique traditionnelle et actuelle.

Leurs guitares se mêlent aux percussions et flûtes coutumières alors que rythmes frénétiques font contrepoids aux chants et lamentations. Leurs compositions accompagnent poèmes anciens et textes contemporains évoquant l’amour et « l‘agnah », le respect des traditions. Pour Ag Kaedi, ce respect représente «l’authentique rébellion ».

les Amanar ne sont pas uniquement des musiciens, ils portent aussi et surtout un message d’espoir pour une population sur laquelle les pressions du monde extérieur sont quasi omniprésentes et croissante. Aujourd’hui, la civilisation Touareg, celle des hommes bleus du désert, vieille de plus de quatre mille ans, risque de disparaître. La découverte récente « d’or noir » sur leur territoire de prédilection, la région de Tombouctou/Kidal dans le nord du Mali, fait qu’ils ne sont plus les bienvenus chez eux. Leur région, déclarée zone rouge, pousse les ONG à quitter les lieux et les visiteurs à annuler leur voyage. Confrontés à ce garrot économique, ces nomades princes du désert sortent de leurs frontières dans l’espoir de pouvoir transmettre, grâce à leur musique, un message de paix et d’entraide entre les peuples.

Amanar, grâce à son talent, son travail acharné et sa persévérance est en train de passer de la reconnaissance locale à celle d’un groupe de renommée internationale. Nous leur souhaitons donc de suivre le chemin de leurs grands frères, les Tinariwen aujourd’hui connus de par le monde.

Lauréats du prix de la révélation 2010 du Festival au Désert, invités par l’organisation du Festival Fabbrica Europea, à jouer à Florence en juillet 2010, ils se produiront en juin au Centre Culturel Français de Bamako avant de se rendre à Paris, du 1er. au 3 juillet prochain. Amanar à le soutien de Abdallah, chanteur et guitariste mythique des Tinariwen, qui se joindra exceptionnellement au groupe lors de son passage à Paris, ville traditionnellement ouverte aux
musiques du monde.

www.myspace.com/amanargroup


Ce projet récolte la faveur du Festival au Désert et corrobore l’action de deux associations d’aide aux femmes Touareg et à la région de Tombouktou (EFES et AITMA).

Il est prévu que cette performance soit retransmise sur RFI qui leur consacrera un segment.